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Pollution en Camargue : un agriculteur condamné pour brûlages illégaux

En mars dernier, Didier Cornille a été reconnu coupable par le tribunal de Tarascon de brûlages de déchets plastiques en Camargue. FNE13 avait porté plainte.

Alors que les enjeux environnementaux n’ont jamais été aussi pressants, la Camargue reste le théâtre de pratiques polluantes alarmantes. Des brûlages de déchets plastiques, notamment liés aux activités agricoles, continuent d’empoisonner l’air et les sols, malgré les condamnations judiciaires récentes et les alertes répétées des associations, dont France Nature Environnement Bouches-du-Rhône et la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO Paca).

En cause, les pratiques illégales de Didier Cornille, premier producteur française de salade et propriétaire de 3.000 hectares de terres agricoles entre les Alpilles, la Crau et la Camargue. Ces feux, déclenchés sur ses propriétés entre Saint-Gilles et Arles, ont généré des fumées noires et nauséabondes, causant des préoccupations environnementales et sanitaires. Les plastiques brûlés étaient utilisés pour la culture de salades et de melons, mélangés à des déchets verts. Ces pratiques ont eu lieu dans une zone protégée classée Natura 2000, au cœur du parc naturel régional de Camargue, ce qui a suscité l’indignation des riverains et des associations locales

Les 3 prévenus ont été reconnus coupables de la gestion irrégulière de déchets. Ils ont été condamnés à :

  • 15.000 € d’amende pour Didier Cornille
  • 50.000 € d’amende avec sursis pour la SCEA Les Saladines gérée par Didier Cornille
  • 4.000 € d’amende avec sursis pour M. Dos Santos

Les prévenus ont aussi été condamnés à payer 2 000 euros au titre du préjudice moral et 600 euros pour les frais de justice à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et à France nature environnement Bouches-du-Rhône (FNE13).

Lors de l’audience, Isabelle Vergnoux avocate de FNE13 soulignait : “Didier Cornille, ce n’est pas un petit agriculteur qui n’arrive pas à boucler ses fins de mois. C’est de l’agro-industrie, qui est tentaculaire dans la région. Ça lui donne une responsabilité. On peut penser que ce qu’il a fait là, il pourrait le faire sur l’ensemble de ses parcelles : il revendique de ne pas respecter la réglementation. Il a une gestion irrégulière des déchets plastiques depuis des années, il ne s’en cache pas. Ces brûlages, il les fait au détriment de la santé des riverains. Selon eux, ils sont habituels. Mais d’habitude, quand ils appellent les gendarmes, ils ne se déplacent pas. Heureusement, cette fois ils se sont déplacés
(Source : L’Arlésienne)

 Didier Cornille est régulièrement critiqué pour ses pratiques controversées, notamment en matière d’exploitation des travailleurs détachés et d’atteintes à l’environnement.

Santé publique et biodiversité en danger

La Camargue, zone humide d’importance internationale, abrite une faune et une flore exceptionnelles. Or, ces brûlages illégaux menacent directement les écosystèmes fragiles, sans compter les risques pour les habitants exposés à ces émanations toxiques.

En tant que professionnels, les agriculteurs sont responsables du devenir des emballages usagés. Le brûlage ou l’enfouissement des emballages sur l’exploitation est interdit.

Article R543-67 du code de l’Environnement

Quelles solutions ?

Les alternatives existent : collecte sélective, recyclage des déchets agricoles ou recours à des filières agréées. Pourtant, le manque de contrôles et les sanctions trop légères ne favorisent pas le changement.

Les associations demandent :

  • un renforcement des inspections en zone rurale.
  • des campagnes de sensibilisation auprès des exploitants.
  • des amendes dissuasives et des poursuites systématiques en cas de récidive.

En attendant, la Camargue étouffe sous les fumées toxiques, et le combat pour sa préservation est loin d’être gagné.


Photo : © CC Source: flickr.com / Auteur: Jeanne Menjoulet