Ce sont en ces termes que la municipalité de Grans qualifie le projet d’extension de la zone logistique.
Après 15 années d’existence, CLEsud entame une métamorphose. Agrandissement des
quais et extension des voies, création d’un 2e terminal sont programmés pour 2021. Étendue sur 280 hectares la zone d’activité souhaite accroître l’activité du site et permettre un stockage supérieur, agrandir les quais et d’étendre les voies de la plateforme. Après travaux, le site pourrait accueillir 60.000 containers/an.
Grans : la “clé du sud” pour continuer d’artificialiser encore plus de terres agricoles !
Siégeant en CDPENAF notre Délégué à l’Agriculture a assisté à la présentation du projet et a interpellé la Secrétaire Générale Adjointe, Présidente de cette commission : ” pourquoi le projet présenté par Grans-Développement/JMG Partners doit obligatoirement s’implanter à Clésud ?”. Aucune réponse, plus de son, plus d’image !
Pourtant, une étude préalable chiffre à 159.000 € par an la perte pour l’économie locale avec 2 entreprises agricoles sacrifiées ! Considérées sans importance puisqu’il y aurait le fameux système de compensation financière promise par la future entreprise. Un montant de plus d’ 1,2 M€ € pour la modernisation des canaux d’irrigation. Au total, ce sont encore 36 ha qui passent à la trappe !
Notons que cette même étude stipule : “ qu’ à proximité immédiate du projet de Grans Développement, 41 ha plus 13 ha sont concernés par les projet de terminaux (Clésud Terminal et Ouest Provence Terminal). 6,6ha de vergers en exploitation (intégrant un espace de vie à destination des saisonniers agricoles) sont concernés. A ce jour, aucune mesure Eviter, Réduire ou Compenser collectivement ne sont recensées sur ces surfaces.”. Il est également précisé que d’après l’étude d’impact environnemental, différents projets sont susceptibles d’avoir des effets négatifs cumulés avec ceux induits par le projet de Grans Développement. Parmi eux sont recensés :
– 5 centrales photovoltaïques au sol (Miramas, Istres, Grans),
– des lotissements (156 logements) sur la commune de Grans
– la ZAC de la Péronne d’une emprise de 99 ha.
La fausse bonne idée de la compensation
FNE13 se déclare opposée aux mesures de compensation. En effet, nous considérons d’une part la biodiversité menacée ne peut être “relocalisée” d’un site vers un autre, elle est purement et simplement sacrifiée. D’autre part, les terrains en compensation sont de bien moins bonne qualité agronomique ou de facilité d’accès. De plus, dans le cas présent, la compensation ne s’effectuera pas en espaces agricoles ou naturels mais en euros. Nous atteignons le paroxysme de la financiarisation de la Nature !
Nous connaissons la situation difficile des ASA et la fragilité des canaux d’irrigation du secteur. Mais force est de constater que ces opérations de rénovation et d’entretien qui devraient être budgétées et effectuées par les pouvoirs publics et les collectivités territoriales ne le sont pas et que l’on tente de justifier la venue d’une nouvelle plate-forme logistique par le fait qu’on aurait obtenu de celle-ci la prise en charge de ces travaux. Finalement il ne s’agit ni plus ni moins que de payer un “droit à bétonner et à polluer” ! On ne peut que déplorer une fois de plus que de telles opérations se fassent avec l’implication active de certains représentants de la profession agricole.
C’est d’autant plus dommageable que 3 autres mesures, soutien à la transmission d’exploitations agricoles, augmentation de la surface en foin de Crau (37 ha) avec rétrocession des droits d’eau et plantations de nouveaux vergers sur des terres non valorisées n’ont pas été retenues. De même, les collectivités locales n’ont jamais envisagé la réhabilitation des friches dans le cadre de l’appel à projet du plan d’action national avec une dotation de 12 millions d’euros au niveau de notre région. Tout ceci se fait avec l’aval des services de l’Etat en complète contradiction avec l’instruction gouvernementale sur la gestion économe de l’espace (le Zéro Artificialisation Nette) de juillet 2019.
La commune de Grans évoque un projet du futur. De quel futur nous parle-t-on ?