Lundi 11 septembre, des “bloqueurs” se sont interposés physiquement au chantier de construction d’un lotissement, dans la de forêt de Fuveau, sur une zone naturelle que notre fédération défend avec force et conviction.
Le bras de fer entre le promoteur (la SCA Château L’Arc), les citoyens, militants écologistes et associations de défense de l’environnement se joue à proximité du village de Fuveau. La tension est montée d’un cran le 13 septembre dernier avec le blocage du chantier.
Un projet qui menace la forêt et une biodiversité exceptionnelle
Le projet de construction de 132 villas de luxe est porté depuis plus de vingt ans par le propriétaire du golf, Philippe Laurent, président de la société Château L’Arc Resort. Au terme d’une longue bataille, il avait fini par obtenir un permis d’aménager en 2014. Le déboisement a débuté en décembre 2022.
En 2020, le bureau d’études Ecomed a réalisé un inventaire naturaliste complet sur l’emprise du projet (20 ha) : ce sont 27 espèces protégées, dont la zygène cendrée, le lézard ocellé et plusieurs espèces de chauves-souris qui sont menacées, ainsi que de nombreux arbres, dans un site d’une grande richesse écologique et une diversité d’habitats favorables aux reptiles, batraciens, insectes, oiseaux et chauve-souris, tous présents sur l’emprise du projet. A noter la présence d’un cours d’eau permanent en plein milieu du futur lotissement.
De nombreuses actions en justice
Sur le plan juridique, Stéphane Coppey, en charge des questions juridiques pour France Nature Bouches-du-Rhône, assure de son côté avoir lancé un recours administratif : “Un référé de suspension est en cours“, estimant toutefois que “les chances de succès au niveau administratif ne sont pas élevées“, et que “la plainte pénale des associations citoyennes, à laquelle nous ne sommes pas associés, a toute sa validité. Le problème, c’est qu’on a affaire à un propriétaire qui était dans une certaine culture au moment du dépôt de la demande de permis, et que depuis, le contexte environnemental, réglementaire et social a changé. Aujourd’hui, un tel projet ne serait jamais accepté.“
La municipalité de Fuveau est, elle, en contentieux avec le porteur du projet avec 2 arrêtés interruptifs de travaux lancés en juillet 2023 mais qui été suspendus par le Tribubal Administratif. Ils font l’objet à date d’une contestation sur le fond.
De leur côté, les associations militantes* ont déposé une plainte pénale en juillet au titre de l’article L411-1 du Code de l’environnement qui interdit la destruction d’espèces protégées et de leurs habitats, infraction qui aurait selon eux déjà été commise en juin, avec les premiers travaux de terrassement qui ont ouvert des voies dans la forêt de 20 hectares de chênes, de pins et de garrigues (*Association nationale pour la biodiversité, Groupe national de surveillance des arbres, Extinction Rébellion).
Vers une ZAD ?
Le mouvement de contestation a gagné en visibilité le 9 septembre grâce à une vidéo de soutien réunissant des militants écologistes tels que Camille Étienne et Pablo Servigne. Les militants envisagent la création d’une zone à défendre (zad) à Fuveau si aucune mesure n’est prise par la préfecture.